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La province de Kampot

La province de Kampot se trouve à environ 150 km au sud de Phnom Penh. Elle est entourée par les provinces de Koh Kong et Kampong Speu au nord, Takeo et Kep à l'est, Sihanoukville à l'ouest et une côte d'environ 45 km sur le golfe de Thaïlande au sud. En plein essor touristique, la région est également connue pour sa production agricole, de durian et de poivre notamment, bénéficiant d'un sol riche et d’un micro-climat avec des précipitations régulières. On y produit également du sel marin.

La province compte plus de 600000 habitants, dont 40000 pour sa capitale, la ville de Kampot, dont le nom signifie « tétraodon » en khmer. Situé au pied du massif du Bokor, ce port bénéficie d'un environnement naturel exceptionnel avec la chaîne de l’éléphant, les collines de forêts primaires qui enserrent la ville de Kep et la beauté de la côte d’opale. Kampot a connu son heure de gloire à l'époque coloniale grâce au poivre et son paysage urbain a conservé l'empreinte de ce passé colonial, conférant un certain charme à cette petite ville tranquille.

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Une architecture coloniale à Kampot


Histoire


Durant la période préangkorienne, la région de Kampot fait partie du royaume du Funan. Trois temples troglodytes: Phnom Chhgok, Phnom Totoeung et Phnom Khjang, ainsi que de nombreux sanctuaires secondaires, témoignent de cette époque. Après la fin du 9e siècle et une inscription de l'époque du roi Yaçovarman 1er, il n'existe plus aucun témoignage écrit sur l'histoire de la région jusqu’au 15e siècle. Elle est ensuite l’objet de rivalités entre Khmers et Vietnamiens à partir du 18e siècle.

Au milieu du 19e siècle, le roi Ang Duong construit un port à Kampot, unique porte de sortie maritime du Cambodge, ainsi qu'une route pour le relier à Oudong, sa capitale. Une nouvelle route reliant Kampot à Phnom Penh voit également le jour au début du protectorat français, illustrant le développement économique de la ville. Cependant, l'administration française lui substituera très vite Cholon comme porte de sortie du riz cambodgien. Administrativement excentrée, la région sombre alors dans une insécurité qui atteindra son apogée dans la rébellion de 1885/86, plus violente ici que dans les autres provinces.

Au développement économique et touristique des années trente succède une nouvelle période d’insécurité après la seconde guerre mondiale. La France, qui tente de reprendre pied en Indochine, est confrontée dans la région à une guérilla Khmer Issarak et Viet Minh. Après l’indépendance en 1953, Sihanouk poursuit le développement de la région avec la construction d'infrastructures comme le hall d’exposition de Kampot ou la voie ferrée Phnom Penh – Kampot – Sihanoukville. 

Suite au coup d’état de Lon Nol en 1970, la région sombre dans une longue guerre civile. Les Khmers rouges y déporteront notamment des milliers de citadins sur le chantier de la digue 75 à Pre Nup, et Kampot sera entièrement vidée de ses habitants, à l'image des autres villes du Cambodge. A la chute du régime, les Khmers rouges se retrancheront sur le mont Bokor et la région restera longtemps isolée, soumise à des troubles. Les derniers rebelles Khmers Rouges ne seront définitivement chassés du Bokor qu'en 1993.

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Khmers rouges dans la région de Kampot, 1992, photo Yves Gellie

Diversité ethnique


Le commerce mais aussi les rebellions, qui brisent périodiquement la tutelle des autorités cambodgiennes sur la région, vont largement ouvrir cette province sur l’extérieur et aboutir à une diversité ethnique remarquable. On y trouve ainsi de multiples ethnies: les S’aoch, les Cham ou bien encore les Chinois Hainan et Teochiu, arrivés massivement dans la seconde moitié du 17e siècle avec des conséquences politiques importantes: cette population sera plus disposée à obéir à ses chefs de guerre qu’aux autorités du pays. 

D'un point de vue économique, comme souvent en Asie du sud-est, ces différentes ethnies vont se spécialiser dans des domaines particuliers, les Chinois Hainan cultivant le poivre par exemple. D'un point de vue religieux, cette diversité ethnique s'accompagne d'une multiplicité de cultes, coexistant ici depuis des siècles: Bouddhisme, Islam et Taoïsme... Cependant, le patrimoine culturel de certaines minorités ethniques est aujourd'hui menacé, à l'image de la disparition programmée des S'aoch.