Krama khmer blog: menu

Le coton au Cambodge

Le coton constitue la fibre naturelle la plus produite dans le monde et représente près de la moitié de la consommation mondiale de fibres textiles. Il est issu de la fibre végétale qui entoure les graines du cotonnier, un arbuste qui pousse dans les régions tropicales et subtropicales arides. En culture, on limite sa taille à un ou deux mètres, pour faciliter le ramassage du coton
À la floraison, le cotonnier se couvre de grandes fleurs blanches ou jaunes, puis des capsules aux parois épaisses et rigides se développent. Lorsqu'elles s'ouvriront, elles laisseront s'échapper des graines et des bourres de coton recouvertes de fibres blanchâtres et soyeuses, qui seront ensuite transformées en fil.

champ-coton
Champ de coton

Transformation et tissage du coton


Après la récolte, la première opération est l'égrenage, consistant à séparer les fibres des graines et à les nettoyer. Puis vient la filature qui se décompose elle-même en plusieurs opérations: dans un premier temps, les fibres sont rassemblées en mèches; par torsion de la mèche, on obtient ensuite le fil de coton
L'étape suivante consiste à teindre les fils de coton. Dans certains cas, on utilise encore les techniques de teinture naturelle, comme nos kramas Baseth pour lesquels on utilise une plante nommée Thleah produisant une couleur rouge caractéristique. Après séchage, le coton teint est enroulé sur de grosses bobines, qui seront ensuite filées en rouleaux plus petits, adaptés aux métiers à tisser.

Le tissage est une tradition ancienne au Cambodge et reste l'un des principaux artisanats du pays, malgré la longue interruption du régime des Khmers rouges et des années de guerre durant laquelle cette tradition a failli s'éteindre. Le centre traditionnel de tissage du coton est situé dans la province de Kampong Cham, où l'on trouve encore souvent un métier à tisser traditionnel sous les maisons sur pilotis des villages. C'est que le tissage du coton joue un rôle important dans l'économie rurale au Cambodge: les femmes dans les campagnes tissent souvent des kramas pour augmenter leur revenu après la saison du riz.

         métier-tisser-cambodge        
Métier à tisser traditionnel (1931 - Source CAOM)

Le coton au Cambodge


Le coton était traditionnellement cultivé au Cambodge sur les berges du Mekong et les hautes terres. Sur les berges, le coton était ensemencé de septembre à octobre, peu après le retrait des eaux, fleurissant en février pour être cueilli entre mars et mai. En 1897, Doumer note que "le coton cambodgien jouit d'une grande réputation dans l'Extrême-Orient" et se vend facilement sur le marché asiatique, notamment au Japon. Cependant, les surfaces cultivées stagneront à l'époque de la colonisation française, la France maintenant de fortes taxes sur le coton cambodgien pour ne pas alimenter des industries étrangères concurrentes alors que l'Indochine constitue un important débouché pour les cotonnades fabriquées en métropole.

A partir de 1960, la culture du coton, fortement encouragée par l'Etat et les réformes économiques de Sihanouk, se développe sur les terres rouges de la province de Kompong Cham et les terres noires de la province de Battambang. Ces deux zones de production étaient chacune équipées d'une usine de transformation et d'une filature. A la fin des années soixante, la culture du coton occupait près de 6000 hectares pour une production annuelle approchant 6000 tonnes. Puis elle a été complètement abandonnée durant les longues années de guerre.

Avec le retour de la stabilité à la fin des années 1990, la culture du coton réapparaît progressivement. En 1996, l'usine de transformation du coton de Kompong Cham a pu rouvrir grâce à l'investissement d'une compagnie taïwanaise. Le manufacturier Manhattan Garment and Textile Corporation, qui exporte vers l'Europe et l'Amérique du nord, s'est lancé en 2004 dans la production cotonnière en finançant des cultures dans la province de Kompong Cham, avec pour objectif de parvenir à 10 000 ha et devenir ainsi autonome.

Pour les industries de la confection, qui représentent 80% des exportations du pays, l'utilisation de fibres locales est moins onéreuse que l'importation de matière première de Chine ou des Etats-Unis. Développer la culture du coton est donc un enjeu économique important pour le Cambodge.

A lire aussi sur les traditions textiles khmères notre article consacré au tissage de la soie au Cambodge.